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plus près de la terre que le soleil, on arrive ainsi naturellement à l’ordre que suit Platon dans le mythe d’Er.

Il faudrait maintenant pouvoir décider si le système d’Anaximandre, ainsi mis à hauteur des découvertes les plus récentes au temps de Parménide, lui a ou non été transmis par les Pythagoriens ; j’écarte Pythagore, dont Alcméon, je crois, représente pins fidèlement l’opinion véritable, quand il considère les astres comme animés, quand il voit dans leur mouvement perpétuel et circulaire que l’homme ne peut imiter, en joignant les deux bouts de la vie, la preuve de leur divinité.

Le système de Parménide a incontestablement une apparence trop mécanique, surtout si l’on fait abstraction du complément dynamique de la nécessité, sur laquelle nous allons revenir à l’instant, et si l’on s’attache de trop près à la représentation de Platon ; mais les Pythagoriens ont constamment oscillé du dynamisme au mécanisme suivant la double direction imprimée par le théosophe et par le mathématicien qui se trouvaient réunis en leur maître ; d’ailleurs, jusqu’au trait de génie de Philolaos, la révolution diurne, surtout reconnue dans le mouvement des planètes, ainsi que nous l’avons vu, ne pouvait se comprendre sans une liaison mécanique qu’on devait même être tenté de se représenter comme établie par une matière solide. Dans le langage dualistique de Parménide, il devait y avoir ambiguïté, nous l’avons vu, sur le caractère de cette liaison ; peut-être cette ambiguïté existait-elle aussi dans sa pensée.

Il est certain que si la physique de Parménide se présentait avec les seuls traits que nous avons retracés jusqu’à présent, surtout si nous la dégagions des quelques compléments conjecturaux que nous lui avons ajoutés, l’Eléate nous apparaîtrait comme un disciple d’Anaximandre passablement fidèle à la tradition de son maître. Mais nous allons lui voir introduire dans cette tradition, en dehors du dualisme fondamental, deux autres éléments incontestablement pythagoriques ; d’autre part, ses relations, le milieu où il vivait, le langage qu’il tient, tout indique que les opinions qu’il expose appartiennent au pythagorisme exotérique. Il faut donc admettre ou bien que cette École n’avait pas de système physique et que Parménide s’est trouvé obligé, par son plan, de recourir à une doctrine ionienne, ou bien que cette doctrine formait encore de son temps le fonds

    ne se rapporte pas à la grandeur, mais à l’orbite. La supposition de l’égalité des orbites eût entraîné l’égalité des dimensions, puisque les diamètres apparents, pour les anciens, étaient égaux.