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lons encore sa conception de la vertu égoïste : il entend par là cette vertu qui consiste à agir d’après son propre intérêt bien entendu ; il fait dériver de l’égoïsme-vertu la tempérance, la dignité personnelle, la chasteté féminine (pourquoi pas la masculine ?), l’amour du travail et l’épargne, la liberté et l’indépendance individuelles.

Dans le chapitre consacré à la classification objective, M. de la G. commence par classer assez minutieusement les exercices de l’éducation physique, puis il considère les habitudes de l’éducation morale, et enfin les connaissances de l’éducation intellectuelle ou de l’instruction proprement dite : sa division s’écarte des classifications antérieures en ce qu’il fait rentrer dans les connaissances non seulement les sciences, mais encore les arts et les lettres, en un mot tous les produits de l’activité de l’esprit humain.

Avant d’arriver à sa propre classification objective des sciences, lettres et arts, il consacre des développements assez étendus à l’exposé et à la critique des systèmes antérieurs de classification des sciences. Des systèmes de Bentham et d’Ampère il retient comme une idée précieuse la distinction entre les sciences de la nature et les sciences de l’esprit. Il reproche entre autres choses à Spencer de n’avoir pas envisagé tous les points de vue à la fois, mais il considère comme devant demeurer la division spencérienne en concret, abstrait-concret et abstrait. Il s’étend assez longuement sur la classification de Wundt et en reproduit même le tableau. Il loue le philosophe allemand d’avoir rétabli contre Spencer le grand embranchement des sciences de l’esprit en face de celui des sciences de la nature, d’introduire une distinction heureuse entre les sciences générales et les spéciales, etc., mais il lui reproche la complexité de sa classification, déclare fausse la division de Wundt en sciences formelles, sciences réelles et sciences philosophiques, et estime que dans son ensemble la classification de Wundt, quoique plus récente, est inférieure à celle de Spencer.

Voici maintenant d’après quels principes M. de la G. construit sa propre classification. Il retient comme importantes :

1o La division spencérienne en concret, abstrait-concret et abstrait ;

2o Celle de Wundt en sciences de la nature et sciences de l’humanité ;

3o Celle du même en sciences générales et en sciences spéciales ;

4o Celles de Platon, d’Aristote, de Bacon, de Bentham et de d’Alembert en sciences relatives à différentes facultés de l’esprit et à divers buts ;

5o Celle de Platon et des mêmes en arts et sciences.

Dans le détail, ajoute-t-il, les idées de distinction du qualitatif et du quantitatif, de la succession et de la concomitance, du temps et de l’espace, de la masse et de la molécule sont fécondes aussi et doivent être utilisées.

En outre il distingue la classification externe et la classification