Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mente, l’on pourrait demander si du moins le fermier n’aura pas les mêmes profits, quoiqu’il paie de plus forts salaires. Certainement non ; car non-seulement il aura, ainsi que le manufacturier, à payer plus de gages à chacun des ouvriers qu’il emploie, mais il sera obligé de payer une rente, ou d’employer un plus grand nombre d’ouvriers, pour obtenir le même produit. La hausse des produits agricoles ne sera que proportionnée à cette rente ou au nombre additionnel des ouvriers employés, et elle ne saurait le dédommager de la hausse des salaires.

Si le manufacturier et le fermier employaient chacun dix hommes, et si les salaires haussaient de 24 livres à 25 livres st. par an, pour chaque homme, il leur en coûterait à chacun 250 livres au lieu de 240 livres par an. Voilà tout ce qu’il en coûtera de plus au manufacturier pour avoir la même quantité de marchandises ; mais le fermier d’un terrain neuf aura probablement besoin d’employer un homme de plus, et par conséquent de débourser pour ses gages 25 l. de plus ; et le fermier d’un vieux fonds de terre sera forcé de payer pour rente précisément cette même somme additionnelle de 25 liv. : car, sans cette augmentation de travail, le blé n’aurait pas pu hausser. L’un et l’autre auront à débourser 275 livres ; l’un, uniquement pour payer les salaires, et l’autre, pour les salaires et la rente ; et chacun d’eux dépensera 25 livres de plus que le manufacturier. Ils seront remboursés de ces 25 livres par la hausse du prix des produits de la terre, et, par conséquent, leurs profits seront toujours dans le même rapport avec ceux du manufacturier. Comme cette proposition est intéressante, je vais tâcher de l’éclaircir davantage.

Nous avons déjà montré que, dans l’enfance de la société, la part qui revient au propriétaire foncier et au laboureur, sur la valeur totale du produit de la terre, n’est que bien faible, et que cette part

    privés des demandes ordinaires de la classe laborieuse, restreignirent leur fabrication. Le 12 mai 1839, quarante-cinq filateurs de coton s’engagèrent à ne pas travailler plus de quatre jours par semaine, et tandis que les capitaux s’épuisaient dans une production ruineuse, tandis que les profits se changeaient en faillites nombreuses, les salaires baissaient de 20, de 40 pour cent. Lorsque l’industrie courbée sous ces orages financiers se releva, on vit les manufacturiers reconstituer leurs fortunes ébranlées, activer le travail, et hausser immédiatement les salaires. Or, ce qui est vrai pour l’Angleterre est vrai pour tous les pays, et suffit sans aucune espèce d’optimisme pour nous rassurer sur l’avenir des masses et les prédictions de Ricardo. A. F.