Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/289

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comme affectant le prix des produits agricoles. Selon le degré dans lequel il frappe à la fois les profits du manufacturier et ceux du cultivateur, il deviendra un impôt général sur les profits du capital, et il n’occasionnera point de changement dans le prix des produits agricoles ni dans celui des ouvrages manufacturés ; et à proportion de l’impossibilité où se trouvera le fermier de se dédommager, en élevant le prix de ses denrées, de la portion de l’impôt qui pèse particulièrement sur lui, ce sera un impôt sur le fermage, et il sera payé par le propriétaire. Pour connaître donc l’action qu’exerce la taxe des pauvres à une époque déterminée quelconque, l’on doit s’assurer si elle affecte alors, dans un degré égal ou inégal, les profits du fermier et du manufacturier, et, en même temps, si les circonstances sont telles qu’elles permettent au fermier d’élever le prix des produits de sa terre.

On prétend que la taxe des pauvres est levée sur le fermier, à proportion de sa rente, et que, par conséquent, celui qui ne paie que peu ou point de rente, ne devrait payer qu’un faible impôt, ou n’en point payer du tout. Si cela était vrai, l’impôt des pauvres, en tant qu’il porte sur la classe des cultivateurs, tomberait entièrement sur les propriétaires, sans pouvoir être rejeté sur le consommateur des produits de la terre. Mais je ne crois pas que cela soit vrai. La taxe des pauvres n’est pas calculée d’après la rente que le fermier paie au propriétaire ; elle est proportionnée à la valeur annuelle de sa terre, soit que

    à ces deux résultats, et ramènerait l’Angleterre aux dilapidations, et, par suite, aux turpitudes qui grossissent si tristement la fameuse enquête de 1833.

    Personne ne s’avisera certes de trouver barbares, sauvages, des règlements qui créent un abri pour les infirmités sociales, allègent le fardeau des sécessions industrielles, et vont jusqu’à permettre l’usage du tabac dans l’intérieur des Work-houses. Nous avons pu contempler dans une vaste cour, avec un étonnement mêlé de joie, six ou huit vieilles femmes assises, le visage tourné vers un mélancolique soleil dé janvier, et fumant leur pipe sur les débris de leur jeunesse et de leur santé, avec une philosophie digne de matrones indiennes. Nous avons assisté, de plus, dans l’asile de Manchester, à des exhibitions de côtelettes, de légumes, tout à fait rassurantes sur la férocité des directeurs, et qui nous firent ajourner la malédiction qui leur était destinée. En Angleterre, comme dans la plupart des pays dits civilisés, le vice est donc moins dans le système qui soulage les pauvres, que dans celui qui les crée, dans les vestiges d’aristocratie, de despotisme, de féodalité, qui gênent la libre expansion de la pensée, de la richesse, de l’égalité. Les Work-houses sont les tristes correctifs, du servage, de la douane, des priviléges, des substitutions : supprimez les uns, vous supprimez les autres, et la question du paupérisme touche à sa fin. A. F.