Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le prix de toutes les marchandises eût haussé de 10 ou de 20 pour 100, si l’on n’en achetait pas plus que par le passé, je crois qu’on ne pourrait pas dire que le changement de prix de la marchandise a été l’effet d’une plus grande demande ; son prix naturel, ses frais de production en argent, se trouveraient réellement changés par la différente valeur de l’argent ; et sans aucun surcroît de demande, le prix de la marchandise s’accommoderait à cette nouvelle valeur.

« Nous avons vu (dit M. Say) que les frais de production déterminent le plus bas prix des choses, le prix au-dessous duquel elles ne tombent pas d’une manière durable, car alors la production s’arrête ou diminue. » Liv. II, chap. 4.

Il dit ensuite que la demande de l’or ayant depuis la découverte des mines augmenté dans une proportion encore plus forte que l’approvisionnement, « le prix de l’or estimé en marchandise, au lieu de tomber dans la proportion de dix à un, n’a baissé que dans la proportion de quatre à un ; » c’est-à-dire qu’au lieu de baisser en proportion de la baisse de son prix naturel, il n’est tombé qu’en suivant la proportion de l’excès de l’approvisionnement par rapport à la demande[1]. La valeur de chaque chose monte toujours en raison directe de la demande et en raison inverse de l’offre.

Lord Lauderdale énonce la même opinion :

« Quand aux variations de valeur auxquelles toutes marchandise est exposé, dit-il, si nous pouvions supposer pour un moment qu’une substance quelconque possédât une valeur intrinsèque et fixe, de manière qu’une quantité déterminé eût toujours et dans toutes les circonstances une même valeur, le prix de chaque chose, mesuré par une telle mesure fixe et constante, varierait suivant le rapport entre sa quantité, et la demande qu’il y en aurait, et chaque chose serait sujette à varier de valeur par quatre circonstances différentes :

1o Une chose augmenterait de valeur en raison de la diminution de sa quantité ;

  1. « Si, avec la quantité d’or et d’argent qui existe, actuellement, ces métaux ne servaient qu’à là fabrication de quelques ustensiles et de quelques ornements, ils abonderaient, et seraient à bien meilleur marché qu’ils ne sont, c’est-à-dire qu’en les échangeant contre toute espèce de denrées, il faudrait, dans ce troc, en donner davantage à proportion. Mais comme une grande partie de ces métaux sert de monnaie et que cette partie ne sert pas à autre chose, il en reste moins à employer en meubles et en bijoux ; or, cette rareté ajoute à leur valeur.» — J.-B. Say, liv. I, chap. 21, § 3. (Note de l’Auteur.)