Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/498

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remises avec des lingots qu’avec une lettre de change. Dans de telles circonstances, il est incontestable que les importations se balanceront avec les exportations. Dans le cas même où l’on aurait satisfait aux demandes de tous les pays, les changes s’écarteraient encore du pair si la circulation d’un seul peuple était ou surabondante ou chétive relativement aux autres. Supposons que l’Angleterre expédie des marchandises en Hollande et n’y trouve pas les objets convenables au marché anglais ; ou, ce qui revient au même, supposons que nous puissions acheter ces marchandises à meilleur marché en France. Nous réduirons alors le cercle de nos opérations à la vente de certaines marchandises en Hollande, et à l’acquisition d’autres objets en France. Ces transactions n’auront aucune influence sur la circulation monétaire d’Angleterre, car nous paierons la France au moyen d’une traite sur la Hollande. Les importations et les exportations se balanceront d’ailleurs exactement. Le change pourra cependant nous être favorable vis-à-vis la Hollande et défavorable avec la France. Et ce phénomène se représentera si l’on ne règle pas les comptes en important en France des marchandises de Hollande, ou de tout autre pays débiteur de la Hollande. L’absence de telles importations ne pourrait naître que d’une surabondance relative de la circulation de Hollande comparée à celle de France, et il conviendra aux deux pays que le paiement de la traite s’effectue au moyen d’une remise de lingots. Si la balance se solde par des expéditions de marchandises, le change entre tous les pays sera au pair. Si elle se règle avec des lingots, le change entre la Hollande et l’Angleterre sera autant au-dessus du pair que le change entre la France et l’Angleterre sera au-dessous ; et cette différence équivaudra aux dépenses causées par le transport des lingots, de Hollande en France. Le résultat définitif serait le même si toutes les nations du globe participaient à ces opérations. Ainsi l’Angleterre ayant acheté en France et vendu à la Hollande certaines marchandises, la France pourrait en avoir de son côté acheté une masse égale en Italie. L’Italie peut avoir fait la même opération vis-à-vis la Russie, celle-ci vis-à-vis l’Allemagne, et l’Allemagne vis-à-vis la Hollande, à 100,000 l. près, qui pourraient être nécessaires à l’Allemagne pour alimenter une circulation insuffisante, ou pour fabriquer de la vaisselle. Toutes ces diverses opérations se solderaient par des lettres de change, à l’exception des 100,000 l. Pour exporter ces 100,000 l. on les puiserait dans une exubérance de coins ou de lingots en Hollande, ou on les pré lèverait sur toutes les monnaies de l’Europe. Je ne prétends pas,