Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/618

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par des qualités et des forces diverses. Serait-il sage alors d’employer à un très-haut prix quelques-unes des plus mauvaises machines, tandis qu’à moins de frais nous pouvons louer les meilleures chez nos voisins ?

M. Malthus croit que le bas prix pécuniaire du blé ne serait pas avantageux aux classes pauvres de la société, parce que la valeur échangeable réelle du travail, c’est-à-dire le pouvoir qu’il a d’acheter les nécessités, le bien-être, le luxe de l’existence, serait, non pas augmentée, mais diminuée par cette modicité de prix. Quelques-unes de ses observations à ce sujet sont évidemment d’un grand poids ; mais il n’évalue pas assez haut les conséquences d’une meilleure distribution du capital national sur le sort des classes inférieures. Cette répartition nouvelle leur serait favorable en ce qu’elle permettrait au même capital d’employer plus de bras ; de plus, des profits additionnels conduiraient à une accumulation additionnelle, et la population recevrait ainsi de ces hauts salaires un stimulant énergique, qui ne tarderait pas à améliorer la condition des travailleurs.

Les conséquences de ces événements sur les intérêts des classes laborieuses ressembleraient à celles que produisent des perfectionnements mécaniques, dont on ne nie plus de nos jours la tendance à élever les salaires réels du travail.

M. Malthus dit encore « que, de toutes les classes commerciales et manufacturières, celles directement engagées dans les opérations extérieures sont les seules qui puissent profiter du système des importations libres. »

Si le coup d’œil que nous avons jeté sur la rente est exact ; si elle s’élève à mesure que les profits généraux baissent, pour fléchir au moment où ils augmentent ; enfin, si, comme la admis et habilement démontré M. Malthus, l’effet immédiat des importations est d’abaisser la rente, tous ceux qui prennent part au commerce, tous les capitalistes, qu’ils soient fermiers, manufacturiers, ou commerçants, recevront une grande augmentation de profits. Joute baisse produite dans le prix du blé par des perfectionnements agricoles ou par des importations affaiblira la valeur échangeable du blé, sans réagir sur le prix des autres marchandises. Si donc le prix du travail tombe, comme il doit nécessairement le faire quand le prix du blé diminue, les profits de toute nature devront grandir, et personne n’est plus appelé que les classes manufacturières et commerciales à recueillir les bénéfices de ces mouvements économiques.