Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/623

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buent aussi très-largement aux charges, publiques, et par conséquent au paiement des intérêts qu’ils reçoivent, ils supporteraient en dernier ressort une portion assez importante des contributions. Et si nous évaluons rigoureusement la valeur des profits additionnels répartis aux classes commerciales, nous reconnaîtrons qu’en dépit d’une augmentation d’impôt elles gagnent encore à ces mouvements économiques.

Quant au propriétaire, seul il en souffrirait, car il devrait payer davantage non-seulement sans compensation immédiate et proportionnelle, mais encore avec une rente affaiblie.

Les créanciers de l’État et ceux qui vivent de revenus fixes pourront objecter légitimement que le poids de la guerre s’est surtout appesanti sur eux. La valeur de leur revenu s’est en effet affaiblie en-raison du renchérissement des blés et d’une dépréciation de papier-monnaie survenue à une époque où l’avilissement des fonds publics avait fortement diminué la valeur de leur capital. Ils ont eu gravement à souffrir aussi des récentes violations du fonds d’amortissement, violations qui constituent la plus criante injustice, et qu’on menace d’étendre au mépris des engagements les plus solennels. Le fonds d’amortissement entre en effet dans les termes du contrat comme le service des dividendes, et c’est méconnaître complètement les vrais principes que d’en faire une source de revenus. C’est dans l’extension de ce capital que nous devons placer les moyens de soutenir les guerres futures, à moins cependant que nous ne soyons préparés à abandonner le système entier des dettes fondées. Attenter au fonds d’amortissement, c’est obtenir un secours passager par le sacrifice d’avantages futurs considérables, c’est renverser de fond en comble le système conçu par M. Pitt lorsqu’il créa ce fonds spécial. Il agit alors avec la persuasion qu’un léger sacrifice actuel devrait conduire à d’immenses résultats pour l’avenir. Nous avons été témoins des bienfaits provoqués par sa détermination inflexible de ne jamais porter atteinte au fonds d’amortissement. Au milieu même de notre plus grande détresse financière, à une époque où le 3% était descendu à 48, nous l’avons vu obéir à cette loi souveraine, et nous ne saurions, je pense, hésiter à croire qu’il n’eût pas appuyé les mesures qui ont été adoptées.

Pour reprendre cependant mon sujet, je terminerai en disant quels seraient mes regrets si l’on accordait à des considérations particulières, pour telle pu telle classe, le droit d’arrêter le développement de notre richesse et de notre population. Si les intérêts des pro-