Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/754

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ne lui paierait plus ; mais toutes les autres classes de la société se retrouveraient dans une situation identique à celle de ce jour. Il est évident encore qu’il y aurait autant de monnaie en circulation ; car il importerait fort peu que les 16 millions de monnaie de papier actuellement en cours à Londres, eussent été émis par le gouvernement ou par une société commerciale. Les marchands n’auraient à souffrir d’aucun embarras provenant d’un surcroît de formalités, dont on aurait hérissé les avances qui leur sont faites habituellement à titre d’escompte ou autrement ; car premièrement, la masse de ces avances doit se proportionner au montant de la monnaie en circulation, lequel montant serait le même qu’auparavant ; et secondement, la Banque pourrait affecter aux demandes des négociants une même fraction de la circulation totale.

S’il est vrai, ainsi que je l’ai clairement établi, que les avances faites par la Banque au gouvernement dépassent la masse générale de ses billets en circulation, il en résulte nécessairement qu’une portion de ces mêmes avances, ainsi que l’ensemble des prêts faits aux particuliers, doivent être puisés dans d’autres fonds appartenant à la Banque, ou mis à sa disposition. Et ces fonds, elle continuerait encore à les posséder, si le gouvernement s’acquittait de sa dette et si tous ses billets étaient retirés de la circulation. Qu’on ne dise donc pas que, relativement aux émissions de papier, il est convenable de renouveler la charte de la Banque, sous prétexte que si l’on n’adopte pas cette mesure, les commerçants, privés des facilités habituelles de l’emprunt, se verraient lésés : je crois avoir suffisamment démontré que ces facilités ne seraient en rien diminuées.

On pourrait m’objecter cependant que si l’on enlevait à la Banque cette partie de ses opérations qui consiste à émettre de la monnaie de papier, elle ne trouverait plus pour ses efforts la rémunération offerte à toute association de fonds et procéderait immédiatement à une dissolution de société. Je ne le crois pas ; il lui resterait encore mille placements avantageusement ouverts pour ses propres fonds. Mais admettons que je me trompe et que la compagnie se dissolve : quel dommage en résulterait-il pour le commerce ? Que les fonds de la société soient réunis et gérés par un petit nombre de directeurs élus par l’assemblée générale des actionnaires ; ou que, répartis entre les mains des propriétaires eux-mêmes, chaque portion soit administrée par l’individu auquel elle appartient, ces deux systèmes produiraient-ils la moindre différence dans leur montant réel, ou dans le degré d’influence qu’ils peuvent avoir sur les transactions commerciales ? Il