Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/758

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négociant des fonds du trésor, en consolidant de nouvelles dettes ou en s’adressant aux nombreuses banques qui existeraient dans le pays ; mais dans aucun cas, il ne devrait lui être permis d’emprunter à ceux qui ont le pouvoir de battre monnaie.

Si les fonds des commissaires se multiplient dans une proportion assez large pour laisser entre leurs mains un excédant dont ils puissent recueillir des bénéfices, qu’il leur soit permis d’aborder le marché et d’acheter publiquement des valeurs nationales : si, au contraire, ils éprouvaient la nécessité de resserrer leurs émissions sans diminuer leur réserve en or, il faudrait les admettre à vendre ces valeurs de la même manière sur un marché officiel. Ces dispositions entraîneraient un léger sacrifice, équivalent à l’agio que l’on suppose constituer sur ce marché le gain de ceux dont la profession consiste à consacrer leurs capitaux et leur habileté au commerce de ces valeurs ; mais le souvenir même de ce sacrifice disparait dans une question aussi importante. On doit se rappeler que la concurrence qui règne dans ce commerce a réduit les bénéfices du marché à un chiffre très-minime, et que le montant de ces opérations doit nécessairement être assez restreint. En effet, on maintiendrait facilement la circulation à un juste niveau, en ayant recours alternativement à une légère réduction ou à une augmentation des espèces et des lingots contenus dans les caisses des commissaires. Ce serait seulement dans le cas où la richesse et la prospérité ascendantes du pays exigeraient un accroissement continu des agents monétaires, qu’il y aurait opportunité à colloquer le numéraire dans des achats de valeurs portant intérêt ; et l’hypothèse contraire d’une décadence manifeste rendrait seule nécessaire la vente d’une partie de ces titres. Ainsi nous voyons que l’on peut obtenir les garanties les plus complètes contre l’influence, qu’au premier abord, on doit craindre de voir exercer par le gouvernement sur les émissions d’une banque nationale ; et que, de plus, la création d’un tel établissement grossirait le budget de nos ressources publiques de la somme des intérêts que le gouvernement paie annuellement à la Banque. Je proposerais donc d’organiser l’établissement d’une banque nationale sur un plan analogue à celui qui va suivre :

1o Il sera procédé à la nomination de cinq commissaires, entre les mains desquels reposera exclusivement le pouvoir d’émettre toute la monnaie de papier du pays.

2o À l’expiration de la charte de la Banque d’Angleterre, en 1833, les commissaires émettront pour 15 millions de monnaie de pa-