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villes aussi frequents qu’en noz quartiers, desquels on tire tous les jours du poisson, soit pour s'en servir, soit pour vendre, & qui ne defaut, ny deçoit jamais les pescheurs.

Les bois de la Chine ne nourrissent pas des Lyons, mais des Tigres, Ours, Loups, & Renards, en grand nombre. On ne nourrit des Elephans qu'en la Cour à Pequin, & iceux sont amenez de dehors, & ne s'en void en aucun lieu du Royaume.

Le lin est inconnu. il se fait communément des toiles de coton pour le vestement, duquel bien que la semence ait esté devant quatre cens ans apportée d'autre part, toutefois ce pays s'en est trouvé si fertile, qu’il semble maintenant qu’il en pourroit fournir à tout le reste du monde.

L'artifice des vers à soye y est si abondant, qu’il semble du tout (s'il ne surpasse) en pouvoir debattre le prix avec nostre Europe. D'iceux ilz font des crespes fins, des ouvrages damassez, & mesmes auiourd'huy, à l'imitation de l'Europe, des draps de soye pure, & autres ouvrages qui sont en usage chez nous ; qui toutefois sont debitez à moindre prix, au tiers, & souvent au quart.

Ilz font faire diverses toiles du chanvre, & quelques autres herbes, dont ilz se servent principalement l'Esté. Encor qu’ilz ne tirent des fromages du laict de brebis, & qu’ilz ne mangent gueres de laict (& encor seulement de celui que rendent les vaches pleines) ilz tondent neantmoins la laine, & en l'usage d'icelle les nostres les passent de beaucoup, car ilz ne font pas encor tramer des draps de laine d'icelle, qui toutefois apportez d'ailleurs sont en estime entre les Chinois. Ilz font des petits draps d'Esté de leur laine, desquelz le vulgaire se sert à faire des chapeaux & des tapis, sur lesquelz ou ilz couchent la nuict, ou ils font leurs complimens de civilité, desquels sera parlé cy apres. On se sert d'avantage d'iceux vers le Septentrion, qui bien qu’il soit plus esloigné du Pol Arctique que nostre Europe, le froid neantmoins y semble un peu plus piquant : car mesme les tres-grandes rivieres & lacs s'y glacent. La cause de cela ne nous est pas encor assez cognue, si ce n'est que nous la rejectons sur les montaignes neigneuses & assez proches de la Tartarie. Pour se garantir de ces froidures, ilz ont abondance de peaux de renards, & de marthes de Scitie qui ne sont pas de moindre prix.

On trouve en la Chine toute sorte de metaux, sans en excepter aucun. Outre l'airain, & le cuivre commun, ils en font d'une autre sorte blanc comme argent, qui n'est pas plus cher que le laton jaune ; mais du fer fondu ils font un peu plus d'ouvrages que les nostres ; comme des chauderons, marmites, cloches, sonnettes, mortiers, grilles, fournaises, canons, ou