Page:Ricci - Trigault -Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine, Rache, 1617.djvu/61

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si ce n’est fleschissans le genouil, soit au Siege Presidial, soit autre part, & les appellent de noms fort honorables. Les subjectz des villes rendent les mesmes devoirs aux Prevostz, & Presidens des villes, encor qu’on sçache que devant qu’estre promeus aux degrez honnorables des lettres, & pourveus d’offices de Mandarins, ilz sont sortis de la lie du peuple.

Personne aussi n’exerce aucune dignité plus de trois ans, si elle ne luy est derechef confirmée par le Roy  : mais le plus souvent ilz sont eslevez à des plus grandes, mais non en mesme lieu. Ce qui se faict à fin qu’aucun ne contracte aisement des amitiez, & ne soit destourne de la rigueur de justice ou qu’il ne s’acquière trop les courages & volontez du peuple de quelque Province ; principalement s’il a eu des plus grandes charges, par la faveur desquelles il puisse tramer des nouveautez : ce qu’ilz disent estre arrivé au temps passé. Il faut aussi que les principaux chefz des Provinces, contreez, & villes que j’ay cy dessus nommez Pucinfu, Naganzafu, Cifu, Ciceu, Cibien, & semblables Magistratz, assistent tous ensemble tous les trois ans en la Cour de Pequin, & offrent au Roy les devoirs solemnelz de subjection, & en ce mesme temps, on fait inquisition de tous les Magistratz espandus par toutes les Provinces du Royaume, soit de ceux qui sont contraintz estre presens, soit des autres, & ce avec toute rigueur. Par cete enqueste apres on resout qui doit estre conservé en la Republique, qui deposé, qui eslevé plus haut, qui abaissé ; & qui aussi puni sans aucun esgard de personne. J’ay aussi observé, que le Roy mesme n’oseroit rien changer de ce qui est ordonné par les juges denommez en cete enqueste publique : & ceux qui sont punis ne sont pas des moindres, ny peu. Certes l’an de nostre Salut 1607, auquel telle inquisition escheoit, nous lisons quatre mille Mandarins avoir esté condamnez. Car le nombre d’iceux s’escrit en un volume, qui estant imprimé se publie par tout le Royaume.

Or les condamnez sont reduitz en cinq classes. La première contient les avaricieux, qui ont vendu le droit par presens, qui ont usurpé quelque chose du revenu public, ou des biens des hommes privez. Ceux-là sont deposez de leurs offices, & despouillez à jamais de tous les ornemens, & privileges de Magistratz. Au second rang sont mis ceux qui ont trop rudement puni les coulpables  : ceux-cy aussi despouillez de leurs ornemens & privileges, sont renvoyez en leur maison comme personnes priveez. Les troisiesmes sont les trop vieux, & maladifz, & qui ont esté trop doux à punir les criminelz, ou trop lasches en leur office  : à iceux l’on permet l’usage des ornemens, & privileges durant leur vie ; encor qu’ils n’exercent plus aucune charge publique. Au