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le Mariage caché.

Mad. de St. Aubin, d’un ton sec.

Il a raiſon, Monſieur, il n’eſt pas encore tems.

Durval.

Belle cérémonie ! ne vont-ils pas être mariés ? & vous, ma jolie Sophie, n’irai-je point à vos noces auſſi ? Mon vieil Ami ne penſes-tu pas à établir cet enfant là ?

St. Aubin.

Elle n’eſt pas preſſée, d’ailleurs ſon pere lui a laiſſé ſi peu de bien…

Durval.

Que veux-tu dire de ſon pere ? c’étoit un honête-homme & le meilleur de mes Amis.

Mad. de St. Aubin, avec aigreur.

A la bonne heure ; mais cet honête-homme a diſſipé ſa fortune, &, dans la ſituation où Sophie eſt réduite, on trouve difficilement un Mari ; l’état d’une fille eſt desagréable dans le Monde, mais le Couvent lui offre un aſyle.

Durval.

Fi donc, fi donc, que dites-vous là ? Si je croyois qu’on voulût la forcer à prendre ce parti, je l’enleverois demain & la ferois paſſer ſur mon bord… le Couvent ! belle imagination !… auriez-vous cette fantaiſie, Sophie ?

Sophie.

Je n’ai pris encore aucune réſolution, Monſieur, & je me trouve ſi heureuſe dans cette maiſon, que j’héſiterai toujours à faire un choix qui puiſſe m’en éloigner.