Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/201

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nous l’avons vu précédemment, la cause de cette rupture fut l’acte infâme commis par Conner et par Grâce, acte qui la justifie pleinement. Jusque-là, les sauvages avaient fidèlement observé leurs engagements. Or, pourquoi Le Loutre aurait-il favorisé pareil traité ? Nous n’en voyons d’autre raison que la confiance qu’il avait en Hopson, qui, par l’élévation de son caractère et ses bonnes intentions à l’égard des Acadiens, faisait augurer beaucoup pour l’avenir. Cela étant, nous en arrivons à admettre comme probable que, sans les procédés violents et l’arrogance de Cornwallis, Le Loutre n’eût rien fait pour forcer les Acadiens à émigrer ou pour pousser les sauvages à des hostilités. La fondation même du fort de Beauséjour n’avait peut-être pas eu d’autre cause que la morgue de Cornwallis.

Le 10 décembre 1752-3, peu de temps après le départ de Cornwallis, Hopson écrivait aux Lords du Commerce[1] :

« … Je serais heureux d’avoir l’opinion de Vos Seigneuries, dès l’approche du printemps, au sujet du serment que je dois faire prêter aux Acadiens, ainsi que l’article 68 de mes Instructions m’en donne l’ordre.

« M. Cornwallis pourra exposer au long à vos Seigneuries combien il serait difficile, sinon impossible, d’imposer aux Acadiens pareil serment, et quelles conséquences fâcheuses pourraient en résulter. Je crois qu’il pourra également vous dire que les habitants de Chignecto (Beaubassin,) (lesquels avaient déjà prêté ce serment aux conditions que le général Philipps y avait mises), se déclarèrent prêts à renoncer à notre allégeance et à quitter leurs terres, quand la Proclamation du Roi parlant de serment leur fût signifiée.

  1. Cf. Akins. P. 197.