Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/30

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De là allaient en effet sortir pour elle des difficultés de toute nature dont le terme serait, avec son humiliation, l’échec le plus gros de conséquences qu’elle eût encore éprouvé.

Jusqu’ici, la France et l’Angleterre avaient paru lutter, à chances à peu près égales, à qui aurait l’empire des mers, car l’Espagne n’entrait plus en ligne de compte à ce sujet ; elle s’était laissée depuis longtemps distancer par ces deux nations. La guerre de Sept ans allait décider laquelle, des deux puissances rivales, occuperait définitivement la première place. Et le sort devait être favorable à l’Angleterre. À partir de cette époque, la langue, la civilisation, les institutions britanniques vont s’étendre à des colonies disséminées par le monde entier, occuper tous les points stratégiques du globe ; le commerce et l’industrie prendront un essor magnifique, et feront affluer en Angleterre la richesse du monde ; les produits et les capitaux anglais inondant tous les marchés de l’univers, assureront à la Grande Bretagne un rôle prépondérant dans le conseil des nations[1].

  1. Voici une de ces généralisations dont Richard est coutumier et qu’il ne faut accepter qu’avec réserve. Napoléon disait des Anglais : sonti mercanti, ce sont des marchands. Et nous voulons bien que le négoce et les capitaux de la Grande Bretagne aient assuré à celle-ci une influence considérable dans les affaires du monde. Il ne faut pourtant pas oublier que la France, même après avoir perdu son empire colonial en Amérique, est restée maîtresse des esprits par le monde entier, depuis la fin du 18e siècle jusqu’à nos jours. Elle a continué à régner partout en souveraine de la pensée. Qu’elle ait dû abandonner à sa rivale les conquêtes matérielles, nous le concédons. Mais « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Et n’est-il pas plus glorieux pour une nation d’être l’institutrice de l’univers que de porter en tous lieux les produits de son négoce ? Un commerce, même « mondial », suffit-il toujours à assurer au peuple qui s’y livre un rôle prépondérant dans le conseil des nations ? L’Allemagne d’avant la guerre inondait, elle aussi, l’univers de ses capitaux et de sa pacotille made in Germany ? Osera-t-on soutenir cependant qu’elle jouissait d’une influence proportionnée à l’étendue de son commerce ? D’ailleurs, même sur cette question des affaires, est-ce que la France ne rendrait pas des points à toute