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Voilà, Monseigneur, le parti que je vais prendre pour le bien de l’Etat et de la Religion, et je feray mon possible de faire paroître aux anglois que ce dessein vient des Sauvages et que je n’y suis pour rien, j’auray soin d’informer Votre Grandeur plus particulièrement par le départ de l’Intrépide, comme je seray dans l’Acadie je n’épargneray rien pour me mettre au fait des démarches des anglois.

J’ay l’honneur d’être avec un profond respect, Monseigneur,


Votre très humble et très obéissant serviteur,


J. L. LELOUTRE.


L’abbé LeLoutre au ministre.

App. N. 358 & seq.


Beaubassin, 4[1] octobre 1749.


Monseigneur, — J’ay [eu] l’honneur d’écrire de Louisbourg à Votre Grandeur pour l’informer des entreprises des anglois sur l’Acadie, trois semaines après l’évacuation, j’en suis parti pour me rendre à l’Acadie et j’ay vu par moy même que l’Anglois n’épargnoit rien pour venir about de son dessein. J’ay eu l’attention d’informer Monsieur Desherbiers gouverneur de l’Isle Royale de toutes ses démarches et je lui ay communiqué toutes les ordonnances du Général Cornwallis et je pense qu’il vous les aura fait passer ; à mon arrivée à l’Acadie j’ay fait passer trois de mes sauvages jusqu’à Québec pour informer Monsieur de la Jonquière nouvellement arrivé de la triste scituation des Acadiens, et je viens d’apprendre par des lettres qu’il a pris la résolution de continuer le plan de Monsieur de la Gallissonnière, et de soutenir le projet qu’il avoit commencé faisant prendre possession de la rivière St-Jean par l’un de ses officiers avec ordre d’y faire un fort, de faire un corps de milice des habitans qui y sont establis, deffence faites à ces dits habitans de reconnoître d’autre maître que le Roy de France pour soutenir cette entreprise, Monsieur de la Jonquière a fait partir deux bastiments de Québec pour Cocagne qui est le port de mer le plus proche du Cap Tourmentain [nous] attendons tous les jours ces battimens, et suivant les lettres que nous en avons reçu, ils ne doivent pas tarder.

Monsieur le Chevalier de la Corne est à la tête d’un détachement considérable, il a l’ordre d’établir le port de Cocagne et d’y faire un fort, de conserver la rivière St-Jean, de prendre possession des trois autres rivières Chippoudy, Petkoudiac et Memeramkouk qui se trouvent sur la même coste, de faire un corps de milice des habitans qui sont établis dans les dites rivières, de leur faire défense de reconnoître d’autre maître que le Roy de France et d’employer toutes

  1. Sic pour 14.