Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/318

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Acadiens ; sur ces conseillers qui devaient s’approprier les terres de ces derniers. Si les hommes de la trempe de Bigot méritent d’être stigmatisés, les écrivains qui faussent l’histoire ne le méritent pas moins : tôt ou tard le stigmate sera appliqué à Parkman. Que le lecteur nous pardonne les termes sévères que nous suggère notre indignation ! Nous avons largement usé de bienveillance envers tous ceux avec qui nous sommes venu en contact au cours de cet ouvrage ; mais, pour apprécier justement les motifs qui nous animent ici, il faudrait avoir été à même, ainsi que nous, de saisir les procédés de celui que nous caractérisons si sévèrement.

Il restait donc, en 1758, environ 8,000 Acadiens dans les Provinces Maritimes, dont à peu près 5,500 dans l’Île Saint-Jean. Les premiers établissements importants dans cette Ile datent de 1749, époque où se fondait Beauséjour. Le Loutre, comme on se le rappelle, avait commandé aux habitants de Beaubassin d’incendier leurs demeures, afin de les forcer à se réfugier du côté des Français, et aussi afin de faire le désert autour du fort que les Anglais se proposaient d’édifier sur la rive sud de la petite rivière Missagouetche. La moitié de ce district populeux s’était ainsi, contre le gré de ses habitants, trouvée transformée en une région vide. La plupart de ces Acadiens ainsi dépossédés passèrent immédiatement dans l’Île Saint-Jean, où ils recommencèrent de leur mieux à mener l’existence heureuse qui venait subitement de s’interrompre pour eux. D’autre part, après les événements de 1755, leur nombre s’accrût d’une partie considérable de ceux qui échappèrent à la déportation. Jusqu’à 1758, ils purent y mener la vie tranquille d’autrefois sans être inquiétés, protégés qu’ils étaient par la France qui détenait encore l’Île Royale, (Cap Bre-