Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/366

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Acadiens ne fut clandestinement soustrait au gouvernement de Sa Majesté. » Puis il ajoutait : « Mais si nécessaire qu’il soit, d’un côté, de mettre un terme à la séduction et au départ secret de ces sujets de Sa Majesté, il semble cependant juste et raisonnable, de l’autre, de voir à ce que l’on leur assure des établissements convenables et de nature à les satisfaire autant que peut le comporter le souci du salut public[1]. »

On voit par là quelle situation pénible était faite aux Acadiens. D’autre part, les autorités de la Nouvelle-Écosse ne voulaient pas les laisser s ’établir en la Province ni même les y tolérer ; et de l’autre, on ne voulait pas qu’ils se réfugiassent en territoire français. Mais, lord Halifax au moins comprenait sagement que, si on devait mettre obstacle à leur départ pour des colonies françaises, il n’était que juste de les laisser s’établir, où il leur conviendrait, dans les colonies anglaises, « en tenant compte, toutefois, des nécessités de la sécurité publique ».

C’est de cette dernière phrase que Wilmot se prévalut pour perpétuer les empêchements à leur établissement, espérant que, fatigués d’une longue attente et n’espérant plus rien de lui, ils partiraient d’eux-mêmes, et que le séjour de l’Acadie deviendrait par là odieux à tous ceux qui auraient pu entretenir l’idée d’y revenir.

Son premier mouvement dans ce sens fut d’informer les Lords du Commerce, qu’un certain James Robins, alors à Londres, avait invité les Acadiens à se rendre à Miramichi, où il allait fonder un grand établissement de commerce et

  1. N. S. D. P. 338-9. — Cette dépêche de Lord Halifax est du 26 novembre 1763.