Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/397

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qui étaient en Angleterre, se trouvait être d’environ quatre mille cinq cents, disséminés dans les ports de Grandville, St-Malo, Boulogne, Rochefort, la Rochelle et Brest. Quel fut leur sort ? On ne le sait que vaguement. La France n’avait pas de terres publiques à leur offrir dans le royaume, et le petit nombre de colonies qui lui restaient étaient situées dans des climats d’une chaleur torride, qui ne pouvaient convenir à des hommes habitués à des régions froides, et cependant, tous ces gens soupiraient après un établissement agricole. On en établit quatre cents à Belle-Isle-en-Mer, où l’on donna à chaque colon un lopin de terre, une maison, une vache, un cheval, trois brebis et les outils nécessaires, à part la ration militaire pendant quelque temps. Il fut aussi alloué six sols par jour, pendant cinq ans, à chacun de ceux qui étaient nés en Angleterre, et pareille somme leur vie durant à ceux qui étaient nés en Acadie. Cet établissement date de 1765, et c’est le seul endroit en France où il existe encore un groupe compact d’Acadiens.

« On fit beaucoup de projets, dit Rameau, pour procurer à ces pauvres gens un foyer et des moyens d’existence dont ils pussent tirer bon parti : les uns proposèrent de les envoyer en Corse, les autres dans les Landes. Ces propositions n’eurent pas de suite, mais on en fit partir par détachements pour St-Dominique, la Guyane, les Îles sous le Vent et les Malouines. Nulle part ils ne purent se fixer, ni créer d’établissements prospères ; ils étaient dépaysés et très éprouvés par des climats si différents du leur[1]. » De plusieurs centaines qui se rendirent en Guyane en 1764,

  1. Une Colonie, II. P. 216.