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sèrent une assurance toute nouvelle dans les libations mêmes que ce singulier ambassadeur leur avait prodiguées ; ils venaient donc à l’instant final l’avertir sans se fâcher, avec un air narquois, qu’il avait oublié de compléter le serment qu’il leur proposait ; ils venaient lui demander d’y inscrire les réserves qu’ils avaient toujours réclamées en pareille occurrence.

« Le lendemain, dit-il, ils revinrent et continuèrent à insister sur les mêmes demandes ; et après les avoir sérieusement pesées, et les jugeant compatibles avec les traités, les actes du parlement et du commerce, je les leur accordai comme une concession. Mais en raison de leur défiance en mon autorité personnelle, je fus obligé de certifier la chose dans le corps du serment. »

« Quelle audace ! quelle fourberie ! quelle humiliation, et après toute honte bue, quelle retraite ! La scène se passait à Chignitou (Beaubassin,) le 15 ou le 16 octobre 1727. Le lecteur s’imagine peut-être qu’après une telle déconvenue Wroth n’eut autre chose à faire que de retourner à Annapolis ? Pas du tout : il se rembarqua aussitôt pour aller dans les seigneuries des Mines, afin d’y arriver, s’il était possible avant que cette triste négociation de Chignitou fut ébruitée. Il arriva aux Mines le 17 octobre : là il recommença les mêmes parades, les mêmes dîners, les mêmes libations, pour aboutir aux mêmes insuccès et aux mêmes déboires :

« Après plusieurs journées de discussions, les habitants revinrent le 26 octobre, en requérant des conditions à peu près semblables à celles qu’avaient stipulées les habitants de Chignitou ; mais la majeure partie des habitants fit en outre de grandes objections sur le mot : j’obéirai, — ce qui me troubla point, l’anglais (i. e. le texte anglais) étant ce par quoi je devais me gouverner, et trouvant, après avoir