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Excellence n’est pas sans savoir que pendant ces vingt dernières années, les Acadiens avaient refusé obstinément de prendre un tel engagement ; mais les difficultés que leur a suscitées l’administration, durant mon absence, semblent avoir changé leurs dispositions, puisque dès mon retour ils m’ont signifié leur intention d’en passer par ce que je voudrais… Pour maintenant, la paix règne dans le pays[1]. »

Comment donc Philipps avait-il pu obtenir, en apparence aussi facilement, ce qu’il avait demandé en vain auparavant ? Pourquoi réussissait-il là où ses successeurs avaient tant de fois échoué ? Cela était-il dû, comme il s’en vantait, à la supériorité des moyens qu’il employait et à la douceur de son gouvernement ? En lui faisant la faveur de céder à son désir, les habitants français avaient-il simplement voulu lui prouver qu’ils étaient sensibles à ses procédés, et que, selon le mot de Lafontaine


patience et longueur de temps
font plus que force ni que rage ?


Que s’était-il passé en vérité ? Quelle était la nature du serment enfin obtenu ? Contenait-il la réserve de ne pas porter les armes contre les français et leurs alliés ? Si oui, cette réserve était-elle écrite ou verbale ? La réponse est aisée. Philipps, dans ses lettres aux autorités anglaises, ne s’explique pas là-dessus ; il se contente de dire, ainsi qu’on l’a vu plus haut, qu’il n’aurait jamais voulu consentir à capituler bassement, à l’exemple de Wroth… Fort bien. Mais il ne pouvait plus être question de retraiter ni de capituler. Il arrivait d’Angleterre avec des instructions toutes fraîches ;

  1. Nova Scotia Documents, p. 86-7.