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était mieux située pour le trafic que Port-Royal. En sa qualité de gouveneur, Razilly accorda en fief à Denys toute la côte du golfe depuis la Baie des Chaleurs jusqu’à Canso, et à Latour l’ancien poste du Cap Sable et la rivière Saint-Jean. C’est en ce dernier endroit que s’établit Latour, au lieu nommé Jemsek ; il y construisit un fort auquel il donna son nom. Grâce à sa longue expérience et à son infatigable activité, grâce aussi à la sécurité qui régnait alors dans le pays, Latour put faire de ce poste un centre de commerce très florissant.

De Razilly mourut en 1636, sans avoir pu mettre à exécution tous les grands projets qu’il avait conçus. D’Aulnay et de Latour furent nommés tous deux Lieutenant-Gouverneurs ; mais la délimitation de leurs fonctions et des territoires soumis à leur juridiction respective avait été si vaguement définie qu’il s’ensuivit entre eux des hostilités qui paralysèrent longtemps le développement de la colonie. Quelles qu’aient été les fautes de d’Aulnay, l’on ne peut guère douter qu’il n’ait voulu fonder un grand établissement agricole et qu’il n’ait eu en vue l’avancement de l’Acadie. C’est dans ce but qu’il abandonna la Hève pour se fixer à Port-Royal qui, pour la culture, offrait des avantages bien supérieurs. Après avoir groupé autour de lui les anciens habitants de la Hève, il passa en France d’où il amena une vingtaine de colons. Ce fut lui encore qui inaugura ces travaux d’endiguement qui plus tard devaient prendre tant d’extension ; mais son humeur querelleuse lui attira des difficultés qui rendirent ses efforts à peu près stériles.

La France, ayant subi sans protester la destruction de Port-Royal par Argall, et ayant laissé, sans intervenir efficacement, Latour et d’Aulnay, Latour et Le Borgne, Le Borgne et Denys se disputer à main armée la possession de