Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/153

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plus extraordinaires. Mais pour ne rien dire de ce qui nous a tous remplis d’indignation contre vous (j’entends l’aveu que vous faites de votre prévention en faveur d’un infame, et votre impertinence sur mon compte et sur celui de vos oncles, dont l’un, mon enfant, vous a poussé une botte assez vive,) comment pouvez-vous attribuer à M Solmes le traitement qui vous arrache des plaintes si amères ? Vous savez fort bien, petite folle que vous êtes, que c’est votre passion pour Lovelace qui vous attire toutes vos peines, et qu’il n’aurait pas fallu vous attendre à moins, quand M Solmes ne vous aurait pas fait l’honneur de penser à vous. Comme vous ne pouvez nier cette vérité, considérez, jolie petite causeuse (si votre cœur malade vous permet de considérer quelque chose,) quelle belle apparence vos plaintes et vos accusations ont à nos yeux. De quel droit, s’il vous plaît, demandez-vous à M Solmes le rétablissement de ce que vous nommez votre ancien bonheur (bonheur de nom ; car, si vous aviez cette idée de notre amitié, vous souhaiteriez qu’elle vous fût rendue, lorsque ce rétablissement dépend de vous). Ainsi, miss l’eveillée, retranchez les figures pathétiques, si vous n’avez pas l’habileté de les placer mieux. Prenez pour principe, que, soit que vous ayez M Solmes ou non, vous n’aurez jamais les délices de votre cœur, ce vil libertin de Lovelace, si votre père et votre mère, vos oncles et moi, nous pouvons l’empêcher. Non, ange tombé, vous ne nous donnerez point un fils, un neveu, et un frère de cette espèce, en vous donnant à vous-même un si infame débauché pour mari. Ainsi faites taire là-dessus votre cœur, et n’y tournez plus vos pensées, si vous vous proposez d’obtenir jamais le pardon et les bonnes grâces de votre famille, sur-tout, de celui qui ne cesse point encore de se dire, votre frère, James Harlove. p s. je connais la ruse de vos lettres. Si vous m’envoyez une réponse à celle-ci, je vous la renverrai sans l’ouvrir, parce que je ne veux point disputer sur des points si clairs. Une fois pour toutes, j’ai voulu vous redresser sur M Solmes, que je crois fort blâmable de penser à vous.



M Lovelace à M Belford.

vendredi, 17 mars. Je reçois, mes enfans, avec beaucoup de plaisir les joyeuses assurances de votre fidélité et de votre amitié. Que nos principaux amis et les plus dignes de notre confiance, ceux que j’ai nommés dans ma dernière lettre, soient informés de mes sentimens. Pour toi, Belford, je voudrais te voir ici le plutôt qu’il te sera possible. Il me semble que je n’aurai pas si-tôt besoin des autres ; ce qui n’empêche pas qu’ils ne puissent venir chez milord M, où je dois me rendre aussi, non pour les recevoir, mais pour assurer ce vieil oncle, qu’il n’y a point de nouveau malheur en campagne qui puisse demander son entremise. Mon intention est de t’avoir ici constamment auprès de moi. Il n’est pas question de ma sûreté. La famille s’en tient aux mauvais propos. Elle aboie de loin. Mais je pense à mon amusement. Tu m’entretiendras des auteurs grecs, latins et anglais, pour garantir de la léthargie un esprit malade d’amour. Je suis d’avis que tu viennes dans ton vieil uniforme ; ton valet sans