Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


trouve, car je ne puis lui donner un meilleur nom. Marquez-moi quelle opinion vous avez de l’avenir, et ce que vous feriez si vous étiez dans le même cas.

Mais je vous avertis d’avance que votre sentiment ne doit pas être favorable à M. Solmes.

Il est néanmoins très-vraisemblable que, sachant le pouvoir que vous avez sur moi, ils s’efforceront de faire entrer votre mère dans leurs intérêts pour vous engager vous-même à les favoriser. Cependant, sur une seconde réflexion, je souhaite que, si vous penchez de son côté, vous m’écriviez naturellement tout ce que vous pensez. Déterminée comme je crois l’être, et comme je ne puis m’en empêcher, je voudrais du moins lire ou écouter avec patience ce qu’on peut dire pour le parti opposé. Mes attentions ne sont pas aussi engagées (non, elles ne le sont pas… je ne sais pas moi-même si elles le sont) en faveur d’un autre, que quelques-uns de mes amis le supposent, et que vous même, donnant l’essor à votre vivacité après ses dernières visites, vous avez affecté de le supposer. Si j’ai quelque préférence pour lui, il la doit moins à des considérations personnelles, qu’au traitement qu’il a souffert par rapport à moi. J’écris quelques lignes de remerciement à votre mère, pour toutes ses bontés dans les heureux momens que j’ai passés chez vous. Que je crains de ne les voir jamais renaître ! Elle voudra bien me pardonner de ne lui avoir pas écrit plutôt.

Si le porteur était soupçonné, et qu’on allât jusqu’à l’examiner, il n’aurait qu’à montrer cette lettre, comme la seule dont il serait chargé. à combien d’inventions et d’artifices une injuste et inutile contrainte ne donne-t-elle pas occasion ? J’aurais en horreur ces correspondances clandestines, si je n’y étais pas forcée.

Elles ont une si basse, une si pauvre apparence à mes propres yeux, que j’ai peine à m’imaginer que vous vouliez y prendre part.

Mais pourquoi se hâte-t-on, comme j’en ai fait aussi mes plaintes à ma tante, de me précipiter dans un état, que je respecte, mais pour lequel j’ai peu de penchant ? Pourquoi mon frère, qui est plus vieux que moi de tant d’années, et qui a tant d’impatience de me voir engagée, ne s’engage-t-il pas le premier ? Pourquoi du moins ne pense-t-on pas à pourvoir ma sœur avant moi ? Je finis par ces inutiles exclamations.



Miss Howe, à Miss Clarisse Harlove.

27 février.

Quelle est la bisarrerie de certaines gens ! Miss Clarisse Harlove sacrifiée en mariage à M. Roger Solmes ! En vérité, je ne reviens pas de mon étonnement.

mon avis, dites-vous, ne doit pas être favorable à cet homme-là . Me voilà convaincue à demi, ma chère, que vous tenez un peu de la famille qui a pu former l’idée d’un mariage si bien assorti ; sans quoi il ne vous serait jamais entré dans l’esprit, que je pusse vous parler en faveur de Solmes.

Demandez-moi son portrait. Vous savez que j’ai la main bonne pour