Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/483

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les mêmes idées, je ne serai pas surprise de les trouver irréconciliables. Voilà, voilà l’ouvrage de mon insensible frère ! Je reconnais ses barbares soupçons. Que le ciel lui pardonne ! C’est la prière d’une sœur outragée. Cl Harlove.



Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.

jeudi, 20 avril. Le courrier de M Lovelace est déjà de retour, avec la réponse de son ami M Doleman, qui paroît s’être donné beaucoup de peine dans ses recherches, et qui lui en rend un compte fort exact. M Lovelace m’a donné sa lettre, après l’avoir lue, et comme il n’ignore pas que je vous informe de tout ce qui m’arrive, je l’ai prié de trouver bon que je vous la communique. Vous me la renverrez, s’il vous plaît, par la première occasion. Elle vous apprendra que ses amis de Londres nous croient déjà mariés. à M Lovelace.

mercredi au soir, 18 avril. Monsieur et cher ami, j’apprends avec une joie extrême que nous vous reverrons bientôt à la ville, après une si longue absence. Votre retour sera plus agréable encore à vos amis, s’il est vrai, comme on le publie, que vous soyez actuellement marié avec la belle dame dont nous vous avons entendu parler avec tant d’éloges. Madame Doleman et ma sœur prennent beaucoup de part à votre satisfaction, si vous l’êtes ; ou à vos espérances, si vous ne l’êtes pas encore. Je suis depuis quelque tems à la ville, pour trouver un peu de soulagement à mes anciennes infirmités, et je suis actuellement dans les remèdes ; ce qui ne m’a point empêché de faire les recherches que vous désirez. Voici le résultat de mes soins. Vous pouvez avoir un premier étage, fort bien meublé, chez un mercier, rue de Belford, avec les commodités qu’il vous plaira pour des domestiques ; soit par mois, soit par quartier. Madame Doleman a vu plusieurs logemens dans la rue de Norfolk ; et d’autres dans celle de Cecil ; mais, quoique la vue de la Tamise et des collines de Surrey rende ces deux rues très-agréables, je suppose qu’elles sont trop proches de la cité. Les propriétaires de la rue de Norfolk ne voudraient pas louer moins que la moitié de leurs maisons. Ce serait beaucoup plus que vous ne demandez ; et je m’imagine que vous ne pensez point à conserver un appartement garni, après la déclaration de votre mariage. Celui de la rue de Cecil est propre et commode. La propriétaire est une veuve, de fort bonne réputation ; mais elle demande qu’on s’engage pour une année. Vous pourriez être fort bien dans la rue de Douvres, chez la veuve d’un officier des gardes, qui, étant mort peu de temps après avoir acheté sa commission, à laquelle il avait employé la meilleure partie de son bien, a laissé sa femme dans la nécessité de louer des appartemens pour vivre. Cette raison peut faire une difficulté : mais on m’assure qu’elle ne reçoit point de locataires qui ne soient d’un nom et d’un caractère connus. Elle a pris en rente deux bonnes maisons, séparées l’une de l’autre par un passage