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du Chev. Grandisson.

sur les recherches de Madame Bémont, qui s’étoit chargée de ce soin. Nous ne fîmes point difficulté d’y consentir, dans la supposition que son unique motif étoit une reconnoissance innocente pour un Homme du même Pays, dont nous lui permettions de respecter la mémoire. Ce jeune Homme la suivit à Pistoie, à Patro, à Pise, à Sienne, &c. & dans quelques-unes de ces courses, elle eut la compagnie de Madame Bémont. Mais ayant souhaité de voir la Côte maritime, depuis Piombino jusqu’à Luques, & parlant d’aller jusqu’à Gènes, d’où elle devoit revenir après avoir achevé son mois, elle quitta cette Dame, pour continuer sa marche avec ses seuls Domestiques. Bien-tôt elle trouva le moyen d’en disperser une partie, avec ordre de la rejoindre à Luques : ma Sœur capable de cette pensée ! & ne retenant que Laura, sa femme de Chambre & le Page, elle prit le plus court chemin pour se rendre à Livourne. Là, elle est montée dans un Vaisseau, prêt à faire voile pour Londres ; & sa navigation a duré trois jours, avant qu’on ait eu la moindre nouvelle de son embarquement. Mais une Lettre, adressée à Madame Bémont, que cette Dame nous communique par un Exprès, nous jette dans le dernier étonnement, en nous apprenant les circonstances de sa fuite & de son départ pour l’Angleterre. Lisez-la, dans les propres termes.

« Pardon, très-chere Madame ! mille fois pardon ! Je m’engage dans une entreprise,