Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
du Chev. Grandisson.

& pour adieu, elle m’a dit d’une voix plus haute : Femme Angélique ! tout ce qu’il y a de bon, de grand & de cher pour moi ! je vais attendre impatiemment Lundi ! Elle m’a pressé la joue de ses levres. Chere & respectable Clémentine ! ai-je répondu, en la serrant aussi dans mes bras. Je n’ai pu finir. Mes larmes & la tendresse de mon accent m’ont ôté l’expression. Mylady L… lui a donné la main jusqu’à son appartement, où elle l’a laissée avec Laura.

J’ai repris un moment ma place sur le Sopha. Cher, cher Amour, ai-je dit à Sir Charles en lui pressant la main ; Clémentine ne sera point, ne doit pas être forcée. La persuasion même est une violence. Pourquoi nous amener le Comte de Belvedere ? Si malheureusement elle le sait, je ne réponds point que sa tête y résiste.

Mon Oncle, ma Tante, Lucie, Émilie, ont marqué une extrême curiosité pour les circonstances, lorsque nous sommes rentrés à l’heure du souper. Ils brulent de voir cette admirable Fille, qui a pu renoncer à un homme de son choix, par des motifs de Religion, qui l’aime encore, qui vient implorer sa protection, qui est capable néanmoins de le féliciter de son mariage & d’aimer sa Femme. Que de grandeur ! a dit ma Tante. Lucie vante ma générosité ; mais quelle comparaison entre la mienne, moi qui suis en pleine possession de tous mes desirs, & celle de Clémentine ?

Joignez, ma chere Grand-Maman, vos