Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
du Chev. Grandisson.

Il a poussé un profond soupir : mais, évitant d’abord de s’expliquer, il s’est contenté de répondre qu’il étoit venu presque sans suite, pour se faire remarquer le moins qu’il seroit possible ; que depuis long-temps il étoit dans le dessein de visiter l’Angleterre ; que la Famille de Clémentine, Jeronimo en particulier, avoit promis à Sir Charles de faire le même voyage ; qu’à la vérité ils auroient pû choisir une meilleure saison, si de justes inquiétudes pour l’objet de toute leur tendresse ne leur avoient fait avancer leur résolution. Ensuite, après s’être arrêté un moment, il a déclaré qu’il entroit tout-à-fait dans mon opinion, & qu’il ne jugeoit pas que Clémentine dût être informée sitôt de son arrivée. Alors, il m’a fait, & à Mylord G…, l’aveu de sa passion, dans des termes fort galans, mais également modestes ; en disant que son sort dépendoit du succès de son voyage.

Je lui ai dit que j’avois été d’autant plus libre à lui donner mon avis sur la nécessité du secret, que sans ce motif, Sir Charles n’auroit pas souffert qu’il prît un logement hors de sa maison ; & j’ai parlé de la haute estime dont je savois que Sir Charles étoit rempli pour le Comte de Belvedere.

J’ai donné ordre que le souper fût avancé, dans l’idée qu’après la fatigue d’une longue journée, ils seroient bien aise de se retirer de bonne heure. M. & Madame Reves, que j’ai invités par un Billet, ont eu la complaisance de venir. Ils admirent les deux