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262 MÉTAPSYCHIQUE SUBJECTIVE

Assurément, il serait plus agréable peut-être (je dis peut-être ; car ce n'est pas bien sûr) de supposer que la mort n'est pas la mort, que nous sommes appelés à survivre, que les morts nous écoutent, nous entourent, nous protègent. Mais il ne s'agit pas de chercher ce qui est agréable, ou commode. Eu fait de science, il faut, hypothèse pour hypothèse, accepter celle qui a pour soi la simplicité et la vraisemblance, celle qui est la plus rationnelle. Eh bien! la doc- trine de la survivance me paraît si riche en impossibilités, tandis que l'autre hypothèse, celle de la cryptesthésie intense, est (relati- vement) si facile à admettre, que je n'hésite guère.

Je vais même jusqu'à prétendre — au risque d'être démenti par quelque découverte nouvelle, imprévue, —que la métapsychique subjective sera toujours radicalement impuissante à démontrer la survivance. Même si un nouveau cas, plus prodigieux encore que le cas de Georges Pelham, se présentait, j'aimerais mieux supposer une extrême perfection de connaissances transcendentales fournissant de multiples notions, groupées autour d'un centre imaginaire, lequel s'attribuerait une certaine personnalité imaginaire, que de supposer que ce centre n'est pas imaginaire, qu'il a une réalité per- sonnelle, qu'il est une survivance ; c'est-à-dire une âme, une volonté, une conscience d'un moi qui a disparu, d'un moi qui dépendait d'un cerveau maintenant réduit en impalpable poussière.

Nous sommes d'ailleurs aux débuts d'une science profondément ténébreuse, assez pour que toute affirmation — comme toute néga- tion — soit téméraire. Mais, plus l'incertitude et même l'absurdité sont épaisses, plus il faut être prudent dans les conclusions doctri- nales (car pour les expériences l'audace ne sera jamais assez grande).

Or, pour affirmer la survivance, nous avons comme preuve prin- cipale, ou, à mieux dire, pour preuve unique, l'affirmation du médium. 11 dit : « Je suis Georges Pelham » (après qu'il a été Phinuit) « et je prouve que je suis Georges Pelham, parce que je sais tout ce que savait Georges Pelham ». Mais le fait qu'il sait tout ce que savait Georges Pelham, n'est absolument pas suffisant, car il faudrait prouver que, parquelque faculté métapsychique transcendentale, Mad. Piper n'a pas la connaissance des choses que Pelham, au temps où il était personne humaine, terrestre, connaissait. Cette preuve nécessaire

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