Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/306

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conque, fer, or, cuivre, le pendule ne tourne que si le sensitif passe au-dessus d’une masse de fer, d’or ou de cuivre. Si, c’est de l’eau, il lui suffira de prendre une bouteille d’eau dans la main ; et si c’est une grotte, une caverne, il prendra un petit tube vide creux, qu’il se mettra dans la main, et cela ne laisse pas que d’être assez comique. Le fait de pouvoir distinguer tant bien que mal des ossements, des grottes, des morceaux de foute, des lingots d’or, des sources, c’est plus qu’une simple excitation nerveuse, c’est la connaissance des choses, c’est-à-dire, somme toute, de la cryptesthésie. Aussi les études faites sur la baguette divinatoire sont-elles extrêmement importantes pour édifier quelque théorie sur la cryptesthésie. La divination par la baguette, c’est une sorte de cryptesthésie pragmatique.

On ne peut donc pas nier l’existence de forces pragmatiques, ou telluriques[1], mais que je préfère appeler rhabdiques, qui mettent en jeu la cryptesthésie du baguettisant, absolument comme chez un sensitif, le contact d’un objet lui apporte des connaissances spéciales que ses sens normaux ne lui peuvent révéler.

§ 4. — Conséquences au point de vue de la cryptesthésie.

Nous paraissions, par l’étude de la baguette divinatoire, nous être écartés de la métapsychique, et voici que l’existence de la force rhabdique nous fait rentrer complètement dans l’histoire de la cryptesthésie.

En effet, dans le chapitre de la cryptesthésie pragmatique, ou psychométrie, j’ai pu montrer que les choses exercent certainement sur notre intelligence une certaine action. Si l’on donne à une médium ou à une somnambule quelque objet qui a appartenu à une personne A…, le médium ou la somnambule vont quelquefois donner quelques caractéristiques de A…, encore qu’elles ne puissent par leurs sens normaux en rien connaître. J’ai appelé cette cryptesthésie pragmatique, parce qu’elle paraît liée à une émanation (inconnue) des choses. Certes la cryptesthésie pragmatique est loin d’expliquer tous les cas de lucidité ; elle n’en explique même qu’un

  1. C’est le terme dont se sert le professeur M. Benedikt. Ruten und Pendellehre. 1 vol. 12°. Hartleben, 1917.