Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/57

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En effet, nous avons adopté pour la définition de la métapsychique, une science qui a pour objet les phénomènes qui paraissent relever d’une intelligence, et d’une intelligence autre que l’intelligence humaine. Les médiums sont alors des individus, à inconscience partielle ou totale, qui disent des paroles, accomplissent des actes, font des gestes, paroles, gestes, actes qui semblent soustraits à leur volonté, et paraissent indépendants de leur intelligence. Pourtant ces phénomènes inconscients sont intelligents, systématiques, parfois coordonnés avec une merveilleuse pénétration. Donc tout de suite il s’agit de chercher si les phénomènes inconscients sont dûs à une intelligence humaine, ou à une intelligence surhumaine.

Soit, pour prendre un exemple concret, classique, Hélène Smith, écrivant par l’écriture automatique des messages abondants qu’elle attribue à Marie-Antoinette. Est-ce l’intelligence d’Hélène qui fait tout ? Est-ce une autre intelligence que celle d’Hélène ? soit Marie-Antoinette, soit une force intelligente quelconque, qui actionne les gestes, les paroles, l’écriture d’Hélène ?

Nous entrerons plus loin dans la discussion approfondie des deux hypothèses.

Pour le moment nous montrerons seulement qu’il y a des transitions graduelles, presque insaisissables, entre ces soi-disant médiums et les individus normaux. La démarcation est non seulement difficile, mais impossible, tandis qu’entre les médiums vrais, c’est-à-dire à effets physiques, et les normaux, il y a un hiatus énorme, un fossé profond, une différence essentielle.

On peut établir la gradation suivante.

A. — Le premier degré de l’écart avec la normale, c’est la production de mouvements inconscients légers, presque imperceptibles, lesquels suffisent cependant pour faire percevoir à un individu exercé les sensations et volontés de l’inconscience. Et certes, il y a plus de 50 p. 100 des normaux qui, par un léger frémissement musculaire, qu’ils ignorent, décèlent leur pensée : comme dans le jeu du willing game, qui donne parfois des résultats surprenants.

Ces mouvements involontaires et inconscients s’observent si souvent, si nettement, que c’est un chapitre de la physiologie normale. Nous voilà loin de toute métapsychique.