Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/705

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Dans les temps plus récents, des livres religieux rapportent que A.-H Fournat (1752-1834), Claude Dhière (1757-1820), le curé d’Ars (Jean-B. Viannev) (1786-1859), ont eu des lévitations[1].

Je ne parlerai, et encore très brièvement, que des lévitations de Joseph de Copertino. On ne peut guère prétendre que tout ce qui en a été dit est absolument faux ; car les documents ahondent, et il ne s’agit pas d’une époque très lointaine, puisque saint Joseph naquit en 1603, et ne mourut qu’en 1663. Quinze aus après sa mort, c’est-à-dire en 1678, le P. Nuti d’Assise écrivit la vie de saint Joseph de Copertino, en s’entourant de nombreux témoignages. Trois enquêtes successives pour sa béatification, en 1711, 1722 et 1753, furent entreprises par divers papes. Une vie de saint Joseph fut publiée en 1753, c’est-à-dire il y a un siècle et demi seulement ; or, dans ce livre, sont seuls rapportés les faits constatés par un nombre suffisant de témoins.

De tous ces documents, il appert que maintes fois Joseph s’élevait de terre. Dans certains cas, il restait comme suspendu dans l’air, en présence de tous les frères de son ordre. Souvent les religieux qui l’entouraient, doutant de ce qu’ils voyaient, passaient la main sous ses pieds, pour s’assurer que les pieds ne touchaient pas le sol. Le pape Urbain VIII fut un jour témoin de cette lévitation ; de même, en 1650, le duc Frédéric de Brunswick. Il paraît même que, dans quelques cas exceptionnels, saint Joseph put enlever dans l’air avec lui des personnes qui étaient venues le voir.

Le P. Gorres ne consacre pas moins de douze pages à ces lévitations de saint Joseph de Copertino. Il dit que chacune d’elles était précédée d’une sorte d’extase, qui commençait par un cri : Oh ! Oh ! répété plusieurs fois, et que le saint homme était pris d’un tremblement convulsif, suivi d’une période de stupeur.

Dans le procès-verbal fait pour délivrer une fille possédée par le malin Esprit, à Louviers, en 1591, Françoise Fontaine, une jeune servante de Louviers, étant à deux genoux, a été enlevée fort épouvantablement, et une autre fois a été soulevée de terre plus haut que l’autel. Une troisième fois, par dessus un banc qui était devant

  1. Les reproductions de quelques tableaux représentant des lévitations se trouvent dans le livre de A. de Rochas, et dans A. S. P., 1901, XI, 17-47.