Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/722

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bilocation objective, authentiques et irréprochables, que par conséquent une étude nouvelle est absolument nécessaire.

B. — LES MUNITIONS D’APPROCHE

Il est certains cas de monitions ou de prémonitions, avec bilo- cation subjective, — très communs, — qu’il est difficile de classer. Il s’agit de ce phénomène vulgaire, auxquels les proverbes de tous pays font allusion. « Quand on parle du loup, on en voit la queue » — « Quand on parle du soleil, on en voit les rayons ». « Speak of the devil, and lie will appear. » — « Quando si parla del sole, il sole spunta. » Probablement, parmi les personnes qui me liront, il n’en est peut-être pas une seule qui n’ait observé quelque avertissement analogue. Les faits sont assez nombreux pour méri- ter un nom spécial. Myers les a appelés des monitions d’approche, et il me paraît que le mot doit être conservé i .

Sur ces monitions d’approche, je me permettrai d’abord de rap- porter le fait suivant qui m’est personnel. Il n’est pas plus pro- bant que beaucoup d’autres; mais cependant il a été par moi minutieusement observé; car depuis longtemps mon attention est portée sur les faits de cette nature.

En 188... je me rendais tous les mercredis matins, 111, boule- vard Saint-Germain, aux bureaux de la Revue scientifique. Revue dont j’étais le directeur. Un matin, vers 9 heures, en marchant boulevard Saint-Germain sur le trottoir de droite, je vois sur le trottoir de gauche le professeur Lacassagne, de Lyon, qui, il y a trois mois, avait écrit un article pour la Revue, et je me dis : « M. L... est arrivé à Paris, et il va venir me voir. » Il est à noter que je le connaissais très peu, et que nos relations étaient loin- taines. A 10 heures, dans les bureaux de la Revue, après que j’ai reçu différentes personnes, on me fait passer la carte de M. Lacas- sagne; et je ne m’en étonne pas, puisque je l’avais vu à 9 heures sur le trottoir de gauche. Mais, dès que M. Lacassagne paraît à la porte de mou cabinet, je comprends que ce nest pas lui que fai

1. Voir aussi G. -G. Ferrari, Prévision ou prémonition à rappel, A. S. P., 1905, XV, 38b et D r Roch, Note sur les prévisions de rencontre, Arch. de Psychologie, Genève, 1905, V, 140. M. Roch a fait une sorte de statistique ne portant que sur dix cas, et il conclut par l’incertitude. Le mot prévision de rencontre n’est pas mauvais; mais je préfère le mot monition d’approche. -