Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/769

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paraissent heurter les dogmes scientifiques actuels, nos affirmations vont soulever tantôt des critiques violentes, tantôt des incrédulités railleuses. C’est le sort de toutes les idées neuves, et je ne m’en émeus guère. Je voudrais seulement — et ce n’est pas être très exigeant — qu’on ne me condamnât pas avant de m’avoir lu. Ce n’est pas pour avoir feuilleté distraitement un ouvrage résumant les travaux de deux cents probes et habiles travailleurs, qu’on peut se former une opinion réfléchie, sérieuse, digne d’estime. Je dirais volontiers aux critiques, comme jadis Thémistocle : « Frappe, mais écoute ».

Ce qui me trouble davantage, c’est que, dans le camp opposé à celui des sceptiques, je trouverai une opposition très violente. En effet, d’une part, j’ai voulu relater beaucoup des faits surprenants que les spirites admettent, et d’autre part je n’ai pu adopter leurs théories ; car j’ai toujours cherché l’explication terre à terre, rationaliste, même quand cette explication rationaliste était peu vraisemblable. C’est là ce qui, très franchement, me cause une certaine angoisse.

Dans nombre de cas l’hypothèse spirite est manifestement absurde. Absurde parce qu’elle est inutile. Absurde parce qu’elle suppose des êtres humains, de très médiocre intelligence, survivant à la destruction du cerveau. Tout de même, dans certains cas, — d’ailleurs rares, mais dont je ne me dissimule nullement l’importance — il y a, au moins en apparence, des forces, des volontés, des intentions, intelligentes et raisonnées, dans les phénomènes qui se produisent ; et l’impulsion a tout à fait les caractères d’une impulsion étrangère (v. p. 451).

Alors l’explication spirite paraît beaucoup plus simple ; ou, si l’on ne veut pas de l’hypothèse spirite, l’hypothèse qu’il y a des êtres intelligents intervenant dans notre vie, et capables d’exercer quelque action sur la matière.

Je n’ai pas cherché à atténuer la portée de ces faits ; mais je ne puis tout de même adopter la conclusion qu’il y a des esprits, des intelligences en dehors de l’intelligence humaine. Ma conclusion sera toute différente. C’est que la personne humaine a des ressources que noies ne connaissons pas, tant matérielles que psychologiques.