Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/781

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sition des sens. Mais le plus souvent une hyperesthésie sensorielle, même énorme, ne suffît pas comme explication ; car il y a bien autre chose que la vision et l’audition à distance.

XI

Et tout de suite une troisième hypothèse, simpliste, se présente, qui dès le début a été adoptée avec un enthousiasme irréfléchi. C’est que l’intelligence du sensitif a été possédée, envahie, remplacée par une autre intelligence, celle d’un mort, dont l’intelligence et la conscience ne sont pas mortes. C’est Georges Pelham qui, après sa mort, continue à exister comme esprit, et qui alors parle par le cerveau, le larynx, les lèvres de Mad. Piper, laquelle est intermédiaire (médium) entre le monde des vivants et le monde des morts.

Donc nous voici arrivés à l’hypothèse spirite.

Il ne faut ni la désirer, ni la craindre. Quand on s’est donné la noble tâche de chercher la vérité, la vérité en soi, on ne doit se laisser ni intimider par l’opinion vulgaire, ni entraîner par un obscur désir d’immortalité personnelle.

Voici comment se peut exprimer en peu de mots, dégagée des superstitions qui l’affaiblissent, la théorie spirite.

« Au moment de la mort, l’intelligence humaine ne disparait pas. Elle continue à évoluer, dans un monde qui n’est plus conditionné par l’espace et le temps. Cette intelligence, conservant quelques-uns des caractères qu’elle avait pendant la vie, son individualité, sa conscience, sa personnalité, peut, par l’intermédiaire de certains individus vivants, privilégiés, se manifester en s’emparant de leur corps (cerveau, muscles et nerfs) ; et alors elle écrit, voit, pense, parle, comme au temps où elle était incarnée dans sa chair d’autrefois. Les intelligences des morts connaissent des choses proches ou lointaines, passées ou présentes, même futures. Elles peuvent parler des langues inconnues à leur médium, composer des vers, résoudre des problèmes, discuter des questions, alors que le médium livré à lui-même serait impuissant à composer ces vers, à résoudre ces problèmes, à discuter ces questions. La conscience de leur moi n’a pas disparu ; car il n’y a pas de survivance vraie sans la cons-