Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/45

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Ainsi ce processus de nationalisation n’aurait pas la rapidité et l’efficacité requises. La proportion entre les capitaux demeurés en propriété privée et ceux nationalisés menacerait de ne pas décroître avec la rapidité voulue ou de ne pas diminuer du tout.

Letourneau a émis une opinion bien plus hardie que celles que nous venons d’examiner. Il préconise l’abolition totale, ou presque totale, du droit de tester ou de celui d’hériter, à la seule condition que cette mesure soit prise graduellement.

« Sans recourir à aucun procédé violent, en respectant tous les droits acquis, et même mal acquis, la communauté pourra, quand elle le voudra, effectuer des mesures graduées, à long terme, visant surtout l’avenir. C’est ainsi qu’au Brésil, en 1871, pour abolir l’esclavage sans révolution ni guerre sociale, on a voté une loi déclarant libres tous les enfants qui naîtraient dorénavant de parents esclaves. Or dix-sept ans seulement de ce régime transitoire ont permis d’arriver sans secousse à l’émancipation complète de toute la classe servile (1888)… Dès à présent, par les droits de (succession dont il frappe la transmission héréditaire de la propriété, l’État entreprend

    ces impôts à l’actif du budget national, mais de les appliquer à la nationalisation des instruments de production, à la transformation de richesses privées en richesses collectives. Bref, il ne s’agirait pas véritablement d’impôts mais de prélèvements. L’État recevrait en qualité de cohéritier des sommes destinées à devenir une propriété collective.