Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/60

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pris pour point de départ des prélèvements à opérer indistinctement sur tous les héritages (quels que fussent la grandeur du patrimoine ou le rapport de parenté entre le testateur et le légataire, y compris en première ligne celui du père au fils qui est, de tous, le plus étroit et le plus important), on leur appliquait le principe de la progression dans le temps, les difficultés d’effectuer la fraude grandiraient proportionnellement à la quotité à prélever. Les prélèvements à pourcentages très considérables, doubles ou triples des précédents, s’effectueraient seulement, en effet, sur des patrimoines déjà transmis une ou deux fois par héritage, c’est-à-dire dont le montant serait déjà connu des agents de l’État.

Quant à l’émigration des capitaux, s’il est vrai que la plus grande partie de ce qu’on appelle le capital meuble (actions et obligations de sociétés industrielles, de chemins de fer, de crédit foncier ou immobilier, titres de la dette publique, etc.) est en réalité solidement fixée sur le territoire d’un État sous forme de machines,  usines, exploitations minières, chemins de fer,  améliorations agricoles, bâtiments, travaux hydrauliques et autres analogues, il est vrai de dire aussi qu’il en existe une autre partie — constituée par l’argent, les marchandises-salaires et matières premières aisément exportables, et toutes les accumulations nouvelles dont l’incessante formation sert aujourd’hui non seulement à augmenter, mais encore à