Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/63

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capitaux en général. En effet, à la mort du petit-fils de chaque accumulateur (ou, encore, de l’héritier de son héritier immédiat) l’État aurait nationalisé le tiers de la fortune personnelle du mort, les 7/9 de celle accumulée par son père et la totalité de celle du grand-père. On pourrait, d’ailleurs, modifier cette rapidité et adopter telle progression qui semblerait plus convenable[1].

Il y aurait donc moyen d’accroître à volonté non seulement la quantité absolue des biens nationalisés, mais même, grâce à des progressions très rapides, leur quantité relative par rapport à la totalité des capitaux demeurés en propriété privée. Ceux-ci comprendraient les avoirs non encore parvenus au terme fixé pour leur nationalisation, et ceux que l’épargne continuerait à former. La pleine et entière liberté laissée à chacun de convertir des biens de consommation (ses gains épargnés et accumulés) en véritables capitaux ne pourrait donc pas empêcher la diminution continue des capitaux privés par rapport aux collectifs.

  1. Notons à ce propos que certaines progressions supposant la nationalisation complète d’une accumulation privée après une seule transmission par héritage : 1/2, 2/2, par exemple, ou : 1/3, 3/3, pourraient sembler trop rapides, même envisagées du point de vue des prolétaires, pendant la période du passage du régime actuel au nouveau, qui cesseraient de paraître telles par la suite. Il faudrait peut-être augmenter le nombre des transmissions pendant la période intermédiaire, afin que la transformation se fît lentement, sans provoquer une résistance trop acharnée de la classe capitaliste on une émigration de capitaux trop grande. Ce sont des questions que la pratique et l’expérience se chargeraient de résoudre à mesure.