Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/73

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être absolue ; puisque tout capital représente une peine, il y a toujours en lui le principe de la rémunération »[1].

Maintenant les méthodes par lesquelles un homme s’empare des forces naturelles ne peuvent pas non plus tomber dans le domaine de la communauté et de la gratuité à cause des brevets d’invention ; et si ces brevets étaient éternels, à durée illimitée, les inventions ne pourraient jamais devenir absolument gratuites. Cet empêchement artificiel mis à la communauté et gratuité des méthodes d’utilisation des forces naturelles fait dire à Ferrara, un des plus purs représentants de l’école manchestérienne : « À bas tout ce qui est œuvre humaine ! À bas les brevets d’invention et la propriété littéraire ! » Mais les brevets temporaires ne font que différer la gratuité des inventions. Et si c’est encore là un tort fait à l’ensemble de la société, le dommage qui en dérive est largement contrebalancé par l’encouragement donné aux inventeurs. Le fait de la brève durée des monopoles — quinze à vingt ans — montre justement l’intention de restreindre leurs désavantages au minimum nécessaire pour encourager autant que possible les esprits inventifs.

Le droit de posséder et l’héritage empêchent, eux, les instruments servant à subjuguer les forces naturelles (machines, usines, défrichements, etc.) de tomber dans le domaine de la

  1. Bastiat, Harmonies économiques, tome VI, pages 367-8 (Guillaumin et Cie édit., 1893).