Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou les obstacles matériels, puisque le capital-salaires — la plus importante des formes du capital, celle d’où découlent toutes les autres — se compose justement de vivres, d’effets, d’objets de consommation directe enfin. Et s’il était possible de rigoureusement borner les indemnités à des biens de consommation et de jouissance personnelle directe, la société en général et le prolétariat en particulier souffriraient énormément du gaspillage qu’entraînerait un tel état de choses. Car la production sociale serait poussée à pourvoir à ce gaspillage plutôt qu’à reformer les capitaux qui s’useraient à mesure, ou à créer de nouvelles forces productives perfectionnées,


On a proposé un autre système de nationalisation ne visant, d’habitude, que la propriété du sol : celui des annuités temporaires. D’après ses adeptes, tout propriétaire d’un bien-fonds recevrait de l’État, pendant 99 ans par exemple, une somme annuelle équivalant à la rente nette de son domaine. Mais les 99 ans écoulés, l’État cesserait de payer aucune indemnité et deviendrait l’unique propriétaire du sol.

Il est peu vraisemblable que si les non-propriétaires arrivent un jour au pouvoir, ils se contentent de légiférer au profit de leurs arrière-neveux. En outre, les descendants des propriétaires fonciers actuels, et, par ricochet, ces propriétaires eux-mêmes, auraient à souffrir injustement d’un plus mauvais traitement que celui réservé aux descendants de tous les