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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/18

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une certaine méfiance. Et le bon Dieu en était très content. Il a fait les choses, en quelque sorte en dormant. Mais pour les bêtes déjà, il commença à trouver le travail intéressant : il se penchait dessus et ne fronçait que rarement ses larges sourcils pour jeter un regard sur la terre. Il oublia complètement celle-ci tandis qu’il créait l’homme. Je ne sais pas à quelle partie compliquée du corps il en était arrivé lorsqu’il y eut autour de lui un battement d’ailes. Un ange en passant chantait : « Ô toi qui vois tout… »

Le bon Dieu prit peur. Il avait induit l’ange en péché, car celui-ci venait de chanter un mensonge. Vite Dieu le Père regarda sur terre. Et, en effet, déjà quelque chose s’y était produit qui serait difficile à réparer. Un petit oiseau errait de-ci de-là comme s’il avait peur, et le bon Dieu n’était pas capable de lui montrer le chemin du retour, car il n’avait pas vu de quelle forêt la pauvre bête était venue. Il se fâcha et dit :

— Les oiseaux doivent rester perchés là où je les ai posés.

Mais il se rappela que sur les instances des