Aller au contenu

Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que vous ne croyiez pas que ma réponse ne soit de ma part qu’un prétexte (naturellement, elle s’en défendit aussitôt avec véhémence), je veux vous la dire en deux mots : Dieu a toutes les qualités, naturellement. Mais avant qu’il fût en état de les appliquer en quelque sorte au monde, elles lui apparaissaient toutes comme une seule et immense force. Je ne sais pas si je m’exprime clairement. Mais en présence des choses, ses facultés se spécialisèrent et devinrent dans une certaine mesure des devoirs. Il avait du mal à les retenir tous. C’est qu’il y a des conflits. (Entre nous : tout cela je ne le dis qu’à vous, et gardez-vous bien de le répéter aux enfants.)

— À quoi pensez-vous ? se récria-t-elle.

— Voyez-vous, si un ange était passé en chantant : « Toi qui sais tout », il est évident que tout eût été pour le mieux.

— Et cette histoire serait superflue ?

— Certainement, confirmai-je, et je voulus prendre congé.

— Mais êtes-vous bien sûr de tout cela ? interrogea-t-elle.