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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/36

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part, mais je ne sais plus à qui, répondit mon hôte, et je vis des souvenirs imprécis traverser son front.

— N’importe, le troublai-je. Écoutez la suite ! Longtemps Dieu supporta cette incertitude. Car sa patience, autant que sa puissance, est grande. Mais une fois que d’épais nuages depuis de longs jours stationnaient entre lui et la terre, de sorte qu’il savait à peine encore si tout cela : le monde et les hommes et le temps, — n’avait pas été simplement un rêve, il rappela sa main droite qui depuis longtemps était restée exilée et s’était cachée en de petites œuvres insignifiantes. Celle-ci accourut avec empressement ; car elle croyait que Dieu voulait enfin lui pardonner. Lorsque Dieu la vit devant soi, dans sa beauté, sa jeunesse et sa force, il fut tenté de lui pardonner. Mais il réfléchit à temps, et, sans regarder, lui ordonna : « Tu vas descendre sur la terre. Tu y prendras la forme que tu vois aux hommes, et tu te mettras nue sur une montagne, afin que je puisse te voir distinctement. Dès que tu seras arrivée en bas, va chez une jeune femme et dis-lui, mais tout doucement : « Je