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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/59

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sur le sol. Oublieux de sa promesse, le tsar avait vidé la douzième tonne. Il voulut de nouveau la remplir, mais regretta de devoir enlever une telle quantité d’or de ce magnifique monceau. La nuit, il sortit dans la cour, puisa du sable fin dans la tonne jusqu’à ce qu’elle fût aux trois quarts pleine, rentra sans bruit dans son palais, étendit l’or par-dessus le sable, et, le lendemain matin, envoya la tonne par un messager dans la région de la vaste Russie où le vieux paysan bâtissait son église. Lorsque celui-ci vit arriver le messager, il descendit de son toit qui n’était toujours pas achevé, et appela :

— N’approche pas, mon ami. Repars avec ta tonne qui contient trois quarts de sable et à peine un petit quart d’or. Je n’en ai pas besoin. Dis à ton maître que jusqu’à présent il n’y avait pas eu de trahison en Russie. Ce sera sa faute à lui, si dorénavant il devait s’apercevoir qu’il ne peut compter sur personne ; car il a montré comment on trahit, et de siècle en siècle son exemple, dans toute la Russie, trouvera beaucoup d’imitateurs. Je n’ai pas besoin d’or, je peux vivre sans or. Je n’atten-