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Page:Rilke - Histoires du Bon Dieu.pdf/69

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Ivanitch, permets-moi de t’embrasser encore une fois.

Ossip n’était pas un grand ami du vieillard, mais à présent qu’il allait entreprendre ce long voyage, il jugea nécessaire de prendre congé de lui comme d’un père.

— Je t’ai quelquefois offensé, fit-il en sanglotant, pardonne-moi, mon petit cœur, c’était la boisson, et tu sais qu’on n’en peut rien. Mais je vais prier pour toi et j’allumerai un cierge. Adieu. Timofei Ivanitch, porte-toi bien, mon petit père ; peut-être guériras-tu, si Dieu le veut, et tu nous chanteras de nouveau quelque chose. Oui, oui, voilà bien longtemps que tu ne nous as plus rien chanté. Quelles chansons étaient-ce donc ? Celle de Djuk Stépanovitch par exemple, crois-tu donc que je l’aie oubliée ? Que tu es bête ! Je la sais bien par cœur. Pas comme toi, naturellement : pardi, tu connaissais ton affaire. Dieu t’avait accordé cela comme il accorde à d’autres ceci. À moi par exemple…

Le vieillard qui était couché sur le poêle se tourna en gémissant et fit un mouvement comme s’il voulait dire quelque chose. Ce fut