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Page:Rilke - La Chanson d'amour et de mort.pdf/13

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Un jour parmi l’équipage. Jurons, couleurs, rires — : le pays en est aveuglant. Viennent courant des gamins bariolés. Rixes et cris. Viennent des filles avec des chapeaux pourpres dans leurs cheveux flottants. Appels. Viennent des valets, noirs de fer comme nuit errante. Empoignent les filles si ardemment que leurs robes se déchirent. Les pressent sur le bord des tambours. Et sous la plus sauvage résistance des mains avides s’éveillent les tambours, comme dans un rêve ils grondent, grondent… Et le soir ils lui présentent des lanternes, d’étranges lanternes : du vin, brillant dans des coiffes de fer. Du vin ? Ou du sang ? — Qui peut le discerner ?