Page:Rimbaud - Œuvres, Mercure de France.djvu/298

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Jésus ! Joseph ! Jésus ! Marie !
C’est comme une aile de condor
Assoupissant celui qui prie !
Ça nous pénètre et nous endort !
...

La fin est trop intérieure et trop suave : je la conserve dans le tabernacle de mon âme. À la prochaine sortie, je lirai cela à ma divine et odorante Thimothina.

Attendons dans le calme et le recueillement.

...

Date incertaine. Attendons !…

16 juin ! —

Seigneur, que votre volonté se fasse : je n’y mettrai aucun obstacle ! Si vous voulez détourner de votre serviteur l’amour de Thimothina, libre à vous, sans doute : mais, Seigneur Jésus, n’avez-vous pas aimé vous-même, et la lance de l’amour ne vous a-t-elle pas appris à condescendre aux souffrances des malheureux ! Priez pour moi !

Oh ! j’attendais depuis longtemps cette sortie de deux heures du 15 juin : j’avais contraint mon âme, en lui disant : Tu seras libre ce jour-là : le 15 juin, je m’étais peigné mes quelques cheveux modestes, et, usant d’une odorante pommade rose, je les avais collés sur mon front, comme les bandeaux de Thimothina ; je m’étais pommadé les sourcils ; j’avais minutieusement brossé mes habits noirs, comblé adroitement certains déficits fâcheux dans ma toilette, et je me présentai à la sonnette espérée de monsieur Césarin Labinette. Il arriva, après un assez long