Page:Rimbaud - Reliques, 1921.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

108 RELIQUES barbarie, il repassait sa vie, évoquait ses souve- nirs d'enfance, développait ses pensées intimes, exposait plans d'avenir et projets. Ainsi l'on sut que là-bas, au Harar, il avait appris la possi- bilité de réussir en France dans la littérature, mais qu'il se félicitait de n'avoir pas continué l'œuvre de jeunesse parce que « c'était mal ». Alors aussi, aux moments de vue dans l'avenir, il commença à désigner ses légataires préférés. Sa voix attendrie, un peu lente, prenait des accents de pénétrante beauté ; il entremêlait souvent à son langage des locutions de style oriental et même des expressions empruntées aux langues étrangères d'Occident ; le tout très compréhen- sible et clair et prenant dans sa bouche un charme singulièrement exquis. Au bout de quelques jours, l'intoxication se poursuivant, les hallucinations commencèrent. La mémoire eut d'étranges faiblesses, cependant que le corps débilité expulsait d'abondantes et continuelles sueurs et qu'après chaque repas,