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rant de reconnaissance envers Dieu : « Que peut me faire la mort, la vie et tout l’Univers, et tout le bonheur du monde, maintenant que son âme est sauvée », (1) dit-elle. Certes, au fond de lui-même Rimbaud était toujours demeuré catholique. Ses révoltes, ses blasphèmes même, étaient les soubresauts de sa résistance envers un dénouement qu’il savait inévitable. L’instrument définitif de sa conversion ouverte n’en fut pas moins sa sœur Isabelle dont toute la vie avait été foi, espérance et charité, dont les prières ne s’étaient jamais lassées, Isabelle qu’il sentait pourtant si pareille à lui-même : « Nous pouvons bien avoir la même âme puisque nous avons le même sang » (2).

Le poète croyait. L’abandonnée est secourue dans sa détresse par cette pensée. De plus, il lui reste une œuvre à accomplir. Qui, sinon elle, imposera les dernières volontés du mort ? Qui sera le gardien de son souvenir ? Isabelle se sent égale à cette tâche. Déjà nous la voyons, elle, la fille


(1) Rimbaud mourant, lettre IV.
(2) Lettre précitée.