moins que, cette fois, travaillant en pleine intrigue, il a, pour l’adapter aux exigences de sa conception, transposé son idée première. Elle n’est plus une induction rattachant l’un à l’autre deux faits qu’elle explique l’un par l’autre ; elle est un fait dont il se sert, comme il s’est servi des autres données de l’Histoire. Lisez plutôt :
« L’apparition de Mlle de Cinq-Cygne excita la plus vive curiosité. Elle raconte naïvement qu’en revenant à Cinq-Cygne, et voyant de la fumée dans le parc, elle avait cru à un incendie. Pendant longtemps elle avait pensé que cette fumée provenait de mauvaises herbes. « Cependant, dit-elle, je me suis souvenue plus tard d’une particularité que je livre à l’attention de la justice. J’ai trouvé dans les brandebourgs de mon amazone et dans les plis de ma collerette des débris semblables à ceux de papiers brûlés emportés par le vent. ─ La fumée était-elle considérable ? demanda Bordin. ─ Oui, dit Mlle de Cinq-Cygne ; je croyais à un incendie. ─ Ceci peut changer la face du procès, dit Bordin. Je requiers la Cour d’ordonner une enquête immédiate des lieux où l’incendie a eu lieu. » Le président ordonna l’enquête[1]. Pour vider ce point, accessoire dans les débats et qui paraît puéril, mais capital dans la justification que l’histoire doit à ces jeunes gens, les experts commis pour la visite du parc déclarèrent n’avoir remarqué aucune place où il
- ↑ Notons qu’au lendemain de l’attentat de 1800, il ne fut jamais parlé, et par aucun des nombreux témoins, ni de papiers brûlés, ni de traces quelconques – vide du gazon, cendres, fumée, etc., – d’une semblable destruction, ni d’enquête, ce qui ajoute aux invraisemblances du tissu d’hypothèses hasardées à ce sujet.